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Maîtresse Menstruation et toutes ses frustrations

J’avais 16 ans lorsque Maîtresse Menstruation est venue me rendre visite. Comme si j’étais une fleur qui s’était épanouie hors saison. Comme toutes les fleurs, mon destin était scellé, je devais me décomposer avec le temps, à moins qu’une abeille ne transporte mon pollen et qu’une autre version de moi ne vive, et ainsi de suite pour l’éternité. On ne parlait pas de moi, on me faisait honte pour la couleur cramoisie qui était apparue en moi, et je me cachais du mieux que je pouvais une fois par mois. Pourtant, les garçons n’ont pas été traités de la sorte, mes frères se promenaient fièrement, et n’ont jamais été réduits au silence lorsqu’on leur parlait de sang. Ils n’ont jamais été humiliés pour ce qu’ils sont et pour quelque chose qu’ils ne peuvent pas contrôler. Les mots « elle doit avoir ses règles » résonnent dans ma tête comme si quelqu’un tenait un stéthoscope près de mes oreilles et hurlait dans le diaphragme. J’ai été rabaissée parce que quelqu’un, quelque part, a dit « toutes les femmes sont de mauvaise humeur et en colère pendant leurs règles » et c’est devenu le stéréotype et l’excuse. Ma mère n’a pas donné de véritable explication et m’a dit de me méfier de ce que les autres me disaient. Je ne la blâme pas parce qu’on lui a enseigné la même chose, et celles qui l’ont précédée n’ont peut-être reçu aucun avertissement. Mais alors, comment puis-je apprendre ce qui se passe dans mon propre corps? Comment l’arrêter lorsqu’il s’effondre devant moi et que je ne me rends pas compte qu’il s’agit d’une crampe et qu’un analgésique pourrait peut-être m’aider? À qui dois-je m’adresser lorsque la douleur dans ma poitrine et dans mon sein est pire que les autres, lorsque tous se tournent vers moi et me disent « chut, tu es une femme et tout cela est pour le mieux »? Vers qui me tourner lorsque je suis au milieu de nulle part, que j’ai fait un mauvais calcul et que la rivière écarlate de mon utérus a ouvert son barrage et qu’il n’y a pas un seul produit menstruel en vue? Le magasin me fait payer 10 dollars ou plus, sans oublier la taxe rose pour un paquet que je devrais avoir gratuitement. Je l’utilise pour un besoin de base, un besoin que je ne peux pas contrôler, et pourtant le gouvernement décide qu’il a le contrôle de mon corps, de mon temple, même s’il n’apporte aucune offrande. J’ai peur de demander à mon entourage, peur que ma propre compagne me regarde avec dégoût. Je me suis donc tue, je suis restée silencieuse, mais pour combien de temps? Jusqu’à ce que nous acceptions les moqueries des hommes, que nous soyons humiliées par les nôtres, que nous soyons réduites au silence par les tabous de la société et que nous vidions nos poches pour un produit de première nécessité. Ce n’est peut-être pas l’expérience de tout le monde en matière de menstruation, mais c’est une réalité pour beaucoup. Lorsque j’ai entendu pour la première fois qu’il y avait des filles qui organisaient des fêtes menstruelles, j’ai été choquée. Il y avait des gens dans le monde qui étaient capables de fêter leurs règles? Je me suis ensuite dit pourquoi pas, c’est un événement qui marque le passage à l’âge adulte, il peut être frustrant et effrayant d’avoir ses règles, alors pourquoi ne pas détendre un peu l’atmosphère. Malheureusement, j’ai aussi appris que les règles étaient très taboues et que, dans certains endroits, les filles et les femmes qui ont leurs règles sont considérées comme « impures » et sont donc séparées des autres. Imaginez maintenant que l’Inde, le deuxième pays le plus peuplé du monde avec environ 1,366 milliard d’habitants et 662,90 millions de femmes, ne dispose que de 12 % de produits hygiéniques. Les autres ont recours à de vieux chiffons et même à de la sciure de bois, deux solutions peu hygiéniques qui peuvent causer de graves problèmes, comme des infections de l’appareil génital et des voies urinaires (Global Citizen). Souvent, ces filles manquent des opportunités cruciales, leur éducation est entravée, ces facteurs augmentent la probabilité qu’elles soient mariées à l’enfance et qu’elles connaissent une grossesse précoce, la malnutrition, la violence domestique et des complications liées à la grossesse (Global Citizen). Le tabou qui entoure les règles a causé des problèmes tels que les moqueries à l’école et la honte d’avoir ses règles en général. Cette culture de la honte déresponsabilise les femmes et a des répercussions mentales négatives sur elles. Les règles ne sont pas honteuses, elles devraient être célébrées et enseignées dans les écoles. L’éducation autour des règles est tout aussi importante que l’accès aux produits hygiéniques. Dans de nombreux pays du tiers monde, bien que les enseignants et enseignantes aient la compréhension et la capacité d’enseigner la menstruation, ielles choisissent de ne pas le faire de peur d’embarrasser les garçons de la classe et d’éviter les moqueries, et donc, si le sujet est enseigné, il l’est très mal. Les gouvernements du monde entier doivent agir et prendre conscience qu’ils privent de nombreuses femmes et filles de leurs droits fondamentaux. Hannah Neumeyer, responsable des droits de la personne chez WASH United, a déclaré que « les femmes et les filles ont des droits de la personne, et elles ont des règles. L’un ne devrait pas l’emporter sur l’autre ». Même au cours de mon voyage, je n’ai pas appris suffisamment de choses sur les règles, sur la façon dont je devais les gérer et sur ce qui constitue des règles normales. Les douleurs intenses, les flux abondants, la fatigue extrême, entre autres symptômes extrêmes, ne sont pas toujours normaux et justifient de consulter un médecin. Je vis dans un pays du premier monde, si tel est l’état d’un pays soi-disant « l’un des meilleurs où vivre », je ne peux pas imaginer à quel point la situation est mauvaise dans les pays du tiers monde. Il s’agit d’un appel à la prise de conscience de Maîtresse Menstruation et de toutes ses frustrations. colour that had appeared from within me, and I hid best I could once a month. Yet the boys did not receive such treatment, my very brothers walked around all proud, never were they hushed into silence when the words surrounding blood came up. Never were they shamed for being who they are and for something they cannot control. The words “she must be on her period” ring through my head as if someone held a stethoscope to my ears and screamed into the diaphragm. Those words defeated all my purpose, my pain, my accomplishments.I was debased because someone, somewhere said “all women are moody and angry on their period” and that became the stereotype, and the excuse. My mother offered no real explanation and she said to be wary of what others said to me. I give her no blame because she was taught the same, and the ones before her may have received no warning at all. But then how am I to learn what is happening in my own body. How do I stop it when it crumbles before me and I do not realize that this a cramp and maybe a painkiller will help. Who do I tell when the pain in my chest and the pain in my breast is worse than the rest, when they all turn to me and say “hush you are a woman and this is all for the best.” Who do I turn to when I’m in the middle of nowhere, I have miscalculated and now the scarlet river in my uterus has opened it’s dam and there is not a menstrual product in sight. The store charges me 10 dollars or more, and don’t forget the pink tax for a pack which I should have for free. I use it for a basic necessity, one I cannot control, and yet the government decides they are in control of my body, my temple, even though they come bearing no offerings. I fear asking those around me, afraid my very own fellow woman may look at me in disgust. So I have silenced myself, I have remained quiet, but for how long? Until when do we take the mockery from men, get shamed by our own, silenced by society’s taboos, and empty our pockets for a basic necessity. Now this may not be everyone’s experience regarding menstruation but it is a reality for many. When I first heard that there were girls that get period parties I was in shock. There were people in the world who are able to celebrate menstruation? I later thought why not, it’s a coming of age event, it can be frustrating and scary to get your period so why not lighten the mood a little. And unfortunately I also learned that there was a heavy taboo surrounding periods, that in some places girls and women on their periods are seen as “impure” and therefore are separated from others. Now imagine, India the country with the world’s second biggest population at about 1.366 billion people, and 662.90 million women; only 12% of this population has access to sanitary products. The rest resort to using old rags and even saw dust as an alternative, both of which are unhygienic and can cause serious problems, like reproductive and urinary tract infections (Global Citizen). Oftentimes these girls miss out on crucial opportunities, their education is hindered, these factors increase the likelihood of them entering child marriages and experiencing an early pregnancy, malnourishment, domestic violence, and pregnancy complications (Global Citizen). The taboo around periods have caused problems such as teasing in schools, and shame around having the period in general. This culture of shame disempowers women, having negative mental impacts on them as well. Periods aren’t shameful, they should be celebrated and taught about in schools. Education surrounding periods is just as important as access to sanitary products. In many third world countries despite teachers having the understanding and capability to teach about menstruation they choose not to in fear of embarrassing the boys in the class and to avoid teasing, and so if it is taught it is done very poorly. The ending of period poverty and menstruation stigma is long overdue, governments around the world need to take action and realize that they are denying many women and girls their basic human rights. As head of human rights at WASH United, Hannah Neumeyer said, “women and girls have human rights, and they have periods. One should not defeat the other.” Even on my journey I didn’t learn nearly enough about periods, how I should deal with them, and what consists of a normal period. Intense pains, heavy flows, extreme fatigue among other extreme symptoms, are not always normal and warrant consulting a doctor about. I live in a first world country, if this is the state of a so-called “one of the best countries to live in” I can’t imagine how bad it really is in third world countries. This is a call to raise awareness for Mistress Menstruation and all her frustrations.

 

Source : Sanchez, E., & Rodriguez, L. (2019, February 05). Period poverty: Everything you need to know. Extrait de https://www.globalcitizen.org/en/content/periodpoverty-everything-you-need-to-know 

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